Pourquoi Sons Rouges et Noirs ?

Parce que cette émission cherchera notamment à explorer les implications politiques du travail social. Quand je dis politique ce n’est bien entendu pas n’importe quelle politique : cette émission n’est pas une émission de sciences politiques…

La perspective qui m’intéresse c’est, pour rester général : le couple émancipation collective et autonomie individuelle. Je vous épargne les gros mots pour l’instant et surtout les querelles de boutique… même si je ne vous cache pas que mon émission parlera sans doute plus spécifiquement à tous les collègues qui se reconnaissent un peu dans les idées de « l’extrême gauche ».

Ce premier numéro prendra pour fil conducteur ce couple de concepts ou de couleurs : l’émancipation collective et l’autonomie individuelle, le rouge et le noir. Je coupe court tout de suite aux polémiques : il n’y a référence ni à Jeanne Maas ni à Stendahl, mais, au programme, plutôt des sons et des réflexions de révolte.

Maintenant qu’on est d’accord sur l’ambiance générale je vais pouvoir entrer dans le vif du sujet et vous présenter les grands principes de l’émission :

1) Le travail social a une fonction politique. Nous sommes payés par l’Etat, et soumis à ses réglementations. Demandez-vous pourquoi ? Il est vrai que maintenant grâce à Macron qui a contribué à faire entrer les Contrats à Impacts Sociaux en France on va pouvoir être financé par des banques comme BNP Paris ou n’importe quel investisseur privé qui pourra alors demander une plus grande rentabilité aux managers…

2) Le travail social a une fonction sociale. Cela sonne comme un truisme, une évidence, mais il faut le rappeler : quand on parle de fonction sociale c’est bien entendu une fonction de solidarité, mais aussi d’émancipation : on aide autrui à s’en sortir, à devenir autonome. Et ces dimensions de solidarité et d’émancipation, nous avons tendance à les oublier quand le sens de notre travail est attaqué de toutes parts…

3) Un dernier grand principe qui découle des deux autres comme une conclusion mais cela demande à être discuté, c’est qu’il faut inverser les choses : réaffirmer la fonction politique qui est contenue dans la fonction sociale, c’est-à-dire que le fait de travailler à l’émancipation d’autrui et à la solidarité, c’est politique ; et inversement, il faudrait réaffirmer la fonction sociale de la fonction politique, c’est-à-dire remettre de l’humain, des gens normaux qui ne sont pas obnubilés par le pouvoir, dans les sphères de l’Etat où la démocratie recule chassée chaque jour par des algorithmes, des tableurs Excell,des démarches qualité et divers autres outils de makerting ou de contrôle.

Quand je dis que les Sons Rouges et Noirs, que j’espère pouvoir vous présenter régulièrement, auront vocation à explorer les implications politiques du travail social, j’entends suivant ces trois hypothèses. C’est-à-dire que concrètement j’aborderai de façon critique le fonctionnement des institutions de notre système, certes, j’aborderai aussi les pratiques émancipatrices, non seulement aux côtés du public, mais aussi au sein des professionnels. Je vous présenterai parfois des travaux à moi, mais, plus souvent je ferai venir des camarades, des collègues, des experts, pour montrer qu’un travail social émancipateur peut et doit être défendu.