Aujourd’hui on va écouter l’interview de deux des travailleurs sociaux qui ont participé à l’écriture du Manifeste du Travail social.

Avant d’entrer dans le vif du sujet deux mots sur l’actualité parce que c’est plutôt chargé étant donné que tout le monde est en grève et qu’il y a 10 manifestations par semaine. Heureusement pour nos élus ça va se calmer un peu avec la coupe du monde de football et les vacances d’été...

Pour autant la place des travailleurs et travailleuses du social et du médico-social dans tout ça c’est une question qui se pose. On a eu des exemples assez magnifiques avec la longue grève des éducatrices de jeunes enfants de la Société Philanthropique qui ont fait près d'un mois de grève et sont sorties victorieuses car elles ont pu à travers leur lutte se débarrasser de différentes inégalités dont elles étaient victimes.

Il y a eu aussi une longue grève de la faim de salarié.e.s de l’hôpital psychiatrique du Rouvray à côté de Rouen, les salariés de l’ASE du 92 qui se mobilisent, les services sociaux de Paris, la protection de l’enfance toujours et encore, le 28 juin à Nantes, et même des journalistes des Actualités Sociales Hebdomadaires (ASH) qui ont fait grève !

En bref bravo à toutes celles et tous ceux qui arrivent à créer du collectif entre collègues et à construire une résistance. La base c’est de le faire service par service, établissement par établissement, et ensuite généraliser. Il n’y a pas de recette miracle et les méthodes traditionnelles (grèves, manifestations, syndicats...) peuvent être questionnées, mais l’important c’est de tenter quelque chose entre collègues. C’est un peu le message qui transparaît dans l’entretien que vous allez écouter.

Mais avant, en guise d’introduction, peut–être en deux mots : le Manifeste du travail social est un bouquin de 150 pages édité par la maison d’édition Le Social en Fabrique [mise à jour février 2020 : cette maison d'édition a cessé toute activité], écrit par une dizaine de travailleurs sociaux et travailleuses sociales, passés par Nuit Debout, et qui propose des témoignages et des analyses sur les évolutions récentes de notre secteur avec pour but de « penser et envisager son avenir », défendre un travail social qui soit utile à « une société juste et humaine ».

Il y a pu y avoir différentes polémiques (disons ça comme ça) autour de cet objet, parce que les réseaux de travailleuses sociales et travailleurs sociaux qui sont passés par Nuit Debout n’étaient pas forcément homogènes politiquement, il y avait différents courants de pensée, différentes approches de l’engagement, et parmi ces réseaux, les plus radicaux ont pu trouver le Manifeste… pas assez radical

En ce qui me concerne au début j’ai eu un peu de mal car faire du commerce de bouquin ça ne me paraissait pas forcément le meilleur moyen de lutter contre le capitalisme… Puis je me suis rendu compte que finalement le profit n’était pas forcément leur objectif principal parce qu’ils offrent des exemplaires à tour de bras et que finalement je me demande s’ils en ont pas plus donné à leurs amis et à leurs camarades que vendus !

Reste donc à avoir un débat sur le fond de la démarche, qui se découpe en deux aspects :

D’un côté le propos du livre et les idées défendues
D’un autre côté le processus d’écriture collective

C’est autour de ces aspects que se sont exprimés Isabelle et Christophe, ainsi que sur leur parcours, comme on va pouvoir l’entendre maintenant. Alors on nous entend également grignoter et nous resservir des bières je m’en excuse, j’ai pas un pognon de dingue à mettre dans mon matériel d’enregistrement, mais au moins la démarche reste artisanale, authentique, et surtout, conviviale !